PANNEAU 5

Les femmes vigneronnes et présidentes

D’un cru et d’une cave coopérative

Nous avons réalisé deux portraits de femmes travaillant la vigne et ayant des responsabilités dans le département des Pyrénées – Orientales. Celui-ci compte 2 femmes présidentes de caves coopératives pour 30 hommes et une seule présidente de cru pour 8 hommes, d’après les dernières données du Conseil Interprofessionnel des Vins du Roussillon. Quant aux caves particulières, elles sont 50 gérantes pour 480 gérants. Le cru et la coopérative de Maury ont eu l’audace d’élire deux femmes présidentes.

repères

Les femmes ont toujours travaillé à la vigne. En hiver, elles ramassaient les sarments, en mai elles éclaircissaient et ébourgeonnaient. A l’automne, elles vendangeaient.

L’activité viticole est un révélateur de la division sexuée du travail produisant des inégalités salariales. La non- reconnaissance des compétences professionnelles des femmes et les disparités salariales qui en découlent perdurent dans leurs grandes lignes.

Même le « dictionnaire du monde rural », ne donne pas la même définition à vigneron et  vigneronne. Le vigneron étant «  celui  qui  cultive  la  vigne  et  élabore  le  vin  et  que l’on voudrait aujourd’hui appeler viticulteur ».

La vigneronne est « la femme qui cultive la vigne » (Lachiver, 1997, p.  1692).  Comme   le   soulève le chercheur, M. Escudier : « en se féminisant, la fonction s’est restreinte au seul espace de la vigne ».

Nous avons croisé les réponses d’Aurélie Pereira, vigneronne, présidente du cru Maury et d’Isabelle Marquié, vigneronne, présidente de la cave coopérative.

Idées reçues

Défendre une marque dans le vin est-ce plus dur pour une femme ?

« Au niveau du travail c’est compliqué car il n’y a que des hommes d’un certain âge. Au niveau décisionnaire, il y a encore moins de fille. Puis je ne suis pas de la même génération, et donc je ne connais pas toutes les histoires des anciens de la cave.

Il y a eu une forme de curiosité et une phase d’observation quand on est une femme dans des instances de décisions.

Débats

Leurs choix d’orientation

Quand le moment du choix d’orientation est arrivé alors j’ai cherché de l’information par moi-même en feuilletant des magazines dédiés à cet effet.

C’est à la lecture d’un témoignage d’un œnologue que mon choix m’est apparu comme une évidence. Je ne savais pas ce qui se passait dans une cave et j’avais envie de le découvrir. Le métier d’œnologue m’offrait cette autre facette. « J’ai fait des études en BTS viticulture œnologie. J’étais de toute petite dans les vignes. Ça a été pour moi une évidence. La passion est héritage !

En quoi consiste votre métier ?

Il faut mener à bien la récolte, la culture de la vigne, maîtriser les maladies, faire le travail manuel de la taille, les labours…faire déguster. Le métier est physique mais ça ne m’arrête pas car on trouve des moyens de s’adapter. Puis, c’est aussi difficile pour les hommes.

Pourquoi avoir pris ces fonctions de présidente ?

A un moment tu es vigneronne et tu as envie de participer aux décisions. Si tu n’es pas dans un conseil d’administration, tu ne sais pas comment les décisions se prennent. Une appellation, c’est une marque. Défendre et fédérer les vignerons, défendre un terroir, une histoire, impulser une démarche et des évènements en commun. C’est très diversifié. »

Les femmes dans le vin

Dans une profession majoritairement masculine et souvent discriminatoire, des vigneronnes occitanes ont créé une association pour être mieux représentées et créer du lien dans une pratique qui peut vite conduire à l’isolement. https://www.liberation.fr/lifestyle/gastronomie/vinifilles-en-occitanie-une-pour-toutes-toutes-pour-vin-20211106_6Q3DMIDZFRBBXLCSWVCC7GBC3Q/

Nous avons réalisé deux portraits de femmes travaillant la vigne et ayant des responsabilités dans le département des Pyrénées – Orientales. Celui-ci compte 2 femmes présidentes de caves coopératives pour 30 hommes et une seule présidente de cru pour 8 hommes, d’après les dernières données du Conseil Interprofessionnel des Vins du Roussillon. Quant aux caves particulières, elles sont 50 gérantes pour 480 gérants. Le cru et la coopérative de Maury ont eu l’audace d’élire deux femmes présidentes.

Dès la création de la cave coopérative de Maury, en avril 1910, les statuts de celle-ci ont comme particularité pour l’époque d’ouvrir l’accès de la société coopérative : « aux femmes non mariées majeures ; toutefois elles ne pourront pas faire partie du Conseil d’Administration ni de la Commission de Contrôle. » Jacques Marmayou, préface de Jean Sagnes, Les terres noires, histoire des vignerons de Maury, eudesia, 2016. Cet article s’adresse aux femmes non mariées car elles ne sont pas sous la tutelle du mari. Il faudra attendre 1938 pour supprimer l’incapacité juridique de la femme mariée.

Elles ont dû attendre plus de 100 ans, pour avoir accès aux responsabilités. Comme le démontre Jean-Louis Escudier, dans son ouvrage, Les Femmes et la vigne, une histoire économique et sociale (1850-2010), presses universitaires du Midi, l’activité viticole est un révélateur de la division sexuée du travail produisant des inégalités salariales. Jean-Louis Escudier, Les Femmes et la vigne, une histoire économique et sociale (1850-2010), presses universitaires du Midi, 2016.

Bibliographie

Jacques Marmayou, préface de Jean Sagnes, les terres noires, histoire des vignerons de Maury, eudesia, 2016.

Jean-Louis Escudier, Les Femmes et la vigne, une histoire économique et sociale (1850-2010), presses universitaires du Midi, 2016.

Sitographie

https://www.liberation.fr/lifestyle/gastronomie/vinifilles-en-occitanie-une-pour-toutes-toutes-pour-vin-20211106_6Q3DMIDZFRBBXLCSWVCC7GBC3Q/

Une conférence sur les femmes et le vin, la cité du vin :

https://www.youtube.com/watch?v=7emlrEQ9aBg

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