TABLEAU 7

Les femmes dans le bâtiment

Les femmes dans le bâtiment, un atout en béton !

Les femmes dans le bâtiment, un atout en béton !

Nous avons choisi de présenter le métier de conducteur.rice de travaux à travers le témoignage de Sonia Fauchon. Celui-ci ne compte que 4% de femmes. Cette entreprise est dirigée par une femme, Emilie Dumas que nous avons également rencontrée, 4% des femmes seraient à la tête d’une entreprise du bâtiment.

repères

Les femmes ont travaillé dans la construction. Dès la fin du Moyen Âge, elles figurent dans  les comptes des fabriques des chantiers de Gérone, et en particulier ceux de l’église Sant Feliu et de la cathédrale Santa Maria, dans la communauté autonome de Catalogne, en Espagne. Elles exercent des tâches variées, même si on les retrouve davantage dans les travaux de peu de qualification. Généralement moins bien payées que les hommes, elles occupent les mêmes postes que les hommes.

Elles ont souvent un lien familial avec un membre du Métier – femme, fille, nièce ou sœur –, mais certaines d’entre elles mènent leurs activités professionnelles de façon autonome, dirigeant un atelier ou travaillant sur des chantiers sans que leur mari y exerce d’activité.

En 2018, les métiers du bâtiment ne sont toujours pas mixtes malgré la longue histoire des femmes dans la construction. Elles n’étaient que 12% à travailler dans ce secteur.

Nous avons choisi de présenter le métier de conducteur.rice de travaux à travers le témoignage de Sonia Fauchon. Celui-ci ne compte que 4% de femmes. Cette entreprise est dirigée par une femme, Emilie Dumas que nous avons également rencontrée, 4% des femmes seraient à la tête d’une entreprise du bâtiment.

Idées reçues

« Travailler  essentiellement avec des hommes ça n’est pas plus difficile. En tant que cheffe d’entreprise, je suis vigilante à une bonne entente dans mon équipe. Les femmes doivent s’y sentir à leur place, tout comme les hommes. De nombreux métiers dans le bâtiment ne demandent pas plus de condition physique particulière, notamment grâce à l’avancée technologique qui rend le matériel plus léger et plus performant. » Emilie Dumas

Débats

En quoi consiste votre métier ?

Le métier de conductrice de travaux ; c’est un métier qui comporte des activités très diversifiées. J’alterne mes lieux de travail entre intérieur, bureau et extérieur, chantier. Je fais le lien entre les clients et le chantier, de plus je suis responsable du déroulement du chantier. En ce moment je gère 7 chantiers. Pour l’anecdote, quand je suis sur le chantier, les clients pensent que je suis l’architecte alors que c’est moi la responsable du chantier. »

Les qualités pour exercer ces métiers ?

Les qualités pour exercer ce métier sont celles transmises par ma culture familiale : le mérite, la conscience professionnelle, la satisfaction du travail bien fait. Venant d’une famille d’entrepreneurs, je n’ai pas peur de la prise de risque et je comprends d’autant mieux les enjeux de cette entreprise pour ma directrice. »

Quels conseils donneriez-vous à des étudiant.es ?

Dans le secteur du BTP, j’ai toujours été en CDI et eu le choix de mon employeur. Quand j’ai quitté un emploi c’était mon choix. Je n’ai jamais été au chômage.

Le point de vue de la cheffe d’entreprise, Émilie Dumas

Cette entreprise m’a été transmise par mon père qui m’a laissée libre de ma décision. Je suis heureuse d’être à la

tête d’une entreprise qui s’engage aussi sur les questions de responsabilité sociale. J’aimerais recruter plus de femmes dans mon entreprise. Malheureusement, elles ne sont pas présentes dans ce secteur car elles ne s’orientent par vers ces métiers.

Je dirai aux filles qu’il faut oser aller vers des métiers du bâtiment, que c’est une filière qui recrute avec des opportunités de carrière et des postes à responsabilité.

Les femmes dans le bâtiment

Historiquement, les femmes ont fait la preuve de leurs capacités physiques en exerçant des tâches physiquement dures qui se sont construites, par la suite uniquement au masculin.

En 2021, 12,5 % de femmes dans le bâtiment

46.2 % parmi les employés et techniciens

20.7 % parmi les cadres

1.6 %parmi les ouvriers

Les femmes sont présentes dans les 35 métiers du bâtiment à tous les niveaux de responsabilité

Bibliographie

L’article de Sandrine Victor, « Bâtisseuses de cathédrales ? » https://journals.openedition.org/mcv/3564 au sujet des premières bâtisseuses de cathédrales au Moyen Age démontre que les femmes travaillaient autant que les hommes à leurs constructions. Quelques siècles plus tard, au XIXe siècle, on trouvait des femmes travaillant dans les mines et/ou transportant à bout de bras de lourdes marchandises.

Ce qui n’est pas étonnant car au “Moyen Âge” les femmes pouvaient être :

– enseignantes, maîtresses d’écoles

– administratrices de domaines [citons les comtesses Jeanne (1205-1244) et Marguerite de Constantinople (1244-1280), en Flandre et Hainaut, la duchesse Jeanne en Brabant (1355-1406),

Marguerite de Bavière en Hainaut (1345-1356), Marie de Bourgogne pour l’ensemble des principautés (1477-1482) (Source: Régine Pernoud, La femme au temps des cathédrales, Stock, Évreux 1980, p. 215),

– militaires (Jeanne d’Arc),

– médecins,

– apothicaires.

– platrière, teinturière, copistes, miniaturistes, relieuse, etc. (Source: Régine Pernoud, Pour en finir avec le Moyen Âge, 1979, Points Histoire, Mayenne 2001, p. 97.)

“Chez les paysans, les artisans ou les commerçants, il n’est pas rare que la femme dirige l’exploitation, l’atelier ou la boutique. A la fin du XIIIe siècle, à Paris, on trouve des femmes médecins, maîtresses d’école, apothicaires, teinturières ou religieuses” (Jean Sévillia, Historiquement correct, Pour en finir avec le passé unique, Perrin, Saint-Amand-Montrond 2003, p. 22-23.) “Au XIIe siècle, la première abbesse de Fontevraud, Pétronille de Chemillé, nommée à vingt-deux ans, commande un monastère regroupant une communauté d’hommes et une communauté de femmes. Les moines ne se sont jamais plaints d’être dirigés par une femme… ” (Jean Sévillia, Historiquement correct, Pour en finir avec le passé unique, Perrin, Saint-Amand-Montrond 2003, p. 23-24).

Eliane Viennot, La France, les femmes et le pouvoir, l’invention de la loi salique (Vème-XVIème siècle), Perrin, 2006.

La première image liée aux métiers de chantier est leur pénibilité.

Elle est construite principalement autour du recours à la force physique. De fait, celle-ci reste dans le bâtiment un élément structurant de l’identité sexuée de la main-d’œuvre. Le genre du bâtiment est masculin et cela parce que les conditions d’exercice du travail y sont déclarées et construites comme physiquement pénibles. La sociologue Stéphanie Gallioz démontre dans son article La féminisation des entreprises du bâtiment : le jeu paradoxal des stéréotypes de sexe, sociologies pratiques, 2007/1 que la pénibilité du travail par l’utilisation de la force physique est une notion qui n’existe pas en soi. L’âpreté des tâches se construit aussi socialement. Le cas de la taille de pierre offre un exemple fort intéressant sur le sujet. Pour certains, la taille de pierre apparaît « moins difficile que la maçonnerie ». Cela s’expliquerait par le « côté artistique, l’“effet cathédrale” qui attire beaucoup les femmes ». Et de fait, beaucoup de femmes « se forment à la taille de pierre ». Ainsi pour Adriana (tailleuse de pierre, 23 ans), la maçonnerie apparaît plus dure que la taille de pierre, alors qu’il n’est pas contestable de penser que, dans les représentations communes, ces deux métiers se valent en termes d’utilisation de la force physique et de pénibilité au travail. Dans ce cas, c’est sans doute l’aspect esthétique qui, surpassant l’aspect physiquement dur, pourrait expliquer l’attirance (certes encore relative) des femmes pour cette activité. » Stéphanie Gallioz , Des femmes dans les entreprises du bâtiment : une innovation en clair-obscur thèse de 3ème cycle, 2006.

panneaux
suivants